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Il ne fallait pas désespérer de l’actualité musicale (et de la guitare).

mercredi 24 mars 2004, par Sébastien Bourdon

J’étais par trop sombre l’autre jour, ils sont revenus, ils sont là, des disques qui vont faire chanter vos platines.

INCUBUS « A Crow Left Of Murder » : Un de nos sémillants chroniqueurs a déjà évoqué ce disque dans une chronique que j’ai trouvée un peu sévère. En effet, tout d’abord, je trouvais l’album « Morning View » d’excellente facture. Il est vrai qu’il marquait la fin d’une période et qu’il fallait se faire une raison : Incubus ne serait pas Faith No More à la place de Faith No More. Il y a eu au début de la carrière de ce groupe une impression de frisson musical déjà connu et tellement apprécié (l’album « S.C.I.E.N.C.E. »), mais cela s’est vite arrêté au profit d’une musique plus suave et moins brutale/expérimentale. Mais c’est bien aussi ! Le dernier album s’inscrit donc dans cette perspective et surtout rappelle que l’alchimie d’un bon, voire grand, groupe de rock, c’est un guitariste et un chanteur (Richards Jagger, Page Plant et j’en passe). Le guitariste connaît tous les plans (cela peut faire penser à notre guitar hero M national), sait les jouer et tisse des nappes de cordes sur lequel le chanteur n’a plus qu’à poser ce qui est indéniablement une assez belle voix. Et c’est très réussi.

PROBOT : le projet metal de Dave Grohl

est le truc qui place très haut la barre d’appréciation des autres sorties du genre (et de tous les genres). Parce qu’il a aimé cela quand il était petit, parce qu’il en a les moyens, dans une démarche totalement intègre et modeste, Dave Grohl se lance dans un hommage pour et avec les plus grands sombres héros de cette musique du diable. C’est un disque qui sent la passion, qui suinte l’amour du sous-genre. Dave Grohl a des héros que la majorité ignore et il se lance à corps perdu dans un projet qui va rappeler au monde l’existence de très grands groupes comme Trouble, Cathedral ou The Obsessed. On parle ici de pure musique du diable, de sueur, de cuir, de sexe... et de franche rigolade Le plaisir de jouer (cogner ?) ressort de chaque note, ce qui en fait indéniablement le petit bijou de la rentrée. Il faut préciser que Dave Grohl interprète tous les instruments (à quelques exceptions près et notamment un superbe solo de Kim Thayil - ex Soundgarden). Ce disque chantera aux oreilles de ceux qui ont arpenté les disquaires à la recherche de quelques galettes rarissimes enregistrées par des groupes obscurs (et particulièrement « dark ») écoutées dans la chambre d’un copain qui avait eu le nez creux lors d’un séjour linguistique à Detroit ou à Southampton (me demandez pas pourquoi je vous cite ces coins, là, je ne sais pas). Chaudement recommandé.

JOHN FRUSCIANTE « Shadows Collide With People » : n’en déplaise à certains rédacteurs/lecteurs, j’aime beaucoup ce garçon, qui cultive encore l’étrange alors que son groupe (les Red Hot Chili Peppers) pose sous des affiches Europe 2. Les morceaux s’étirent entre bruits et travail sur le son qui n’est parfois pas sans évoquer le Pink Floyd des débuts (avec Syd Barrett, autre personnage qui finit par devenir trop étrange et dérangé pour la grosse machine floydienne). Entre pop et rock expérimental, un album à écouter et à approfondir.

MONSTER MAGNET « Monolithic Baby ! » : je partage l’enthousiasme de Paul pour ce groupe, mais pour l’instant, je n’arrive pas à rentrer dans leur dernier album, que je trouve plutôt moins bon que le précédent. La rythmique a certes changé (c’était un gros point faible du groupe dans sa précédente mouture et surtout sur scène) mais reste peu efficace et faiblarde au regard des guitares impeccables qui traversent la musique de ce groupe. Malgré plusieurs écoutes, on peine à entendre un titre qui nous ferait faire valser les canapés et transformer le salon en discothèque de l’enfer. Ca viendra peut-être.

BRAD MEHLDAU « Anything Goes » : le retour en demi-teintes du pianiste de jazz le plus couru de ce côté-là du siècle en cours. En demi-teintes parce que, au regard du précédent et aventureux « Largo », on a, nonobstant l’indéniable qualité du disque, l’impression qu’il revient trop vite à ce qu’il faisait déjà (ballades et reprises de choix). C’est très beau, mais c’est très sage au regard de la formidable production jazz du moment et notamment en terme de trio piano basse batterie (notamment les extraordinaires Bad Plus ou EST). Rien que du beau, mais voilà on aimerait être un peu plus secoué.

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