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Hair Metal

mardi 8 juin 2010, par Bertrand P.

La présence de RATT au prochain Hellfest constituant l’un des événements musicaux majeurs de 2010 (!), une chronique de ce genre musical s’impose.

L’appellation « Hair Metal » (le style a également été nommé « sleaze rock ») recouvre en réalité un style capillaire plus que musical, les formations dites de hair metal pratiquant du hard rock US assez différent les unes des autres et caractérisé par :

a) des mélodies et refrains accrocheurs

b) des guitares électriques en avant avec tous pleins de gri-gri pendant les morceaux

c) un groove phénoménal et assez primaire

d) l’absence quasi-totale de synthétiseurs

e) des paroles dont la niaiserie égale le niveau général de la présente chronique

f) des influences qui sont en vrac : T Rex, Slade, Hanoi Rocks, Aerosmith, Kiss, Alice Cooper, Mott the Hoople, Cheap Trick, Van Halen, Sex Pistols (les premiers albums de Junkyard et Poison en sont la preuve), New York Dolls, Led Zep... et bien sûr les Stones !

Certains mentors de la NWOBHM ont eu leur période Hair Metal. Ils ont ainsi adapté leur style capillaire et vestimentaire en conséquence puis ont intégré une dose de shampoing et de décolorant dans leur heavy metal pour des résultats pas toujours concluants.

Ainsi Judas Priest a osé le hair metal pendant sa période Turbo (Rob Halford allant jusque se faire pousser ses hairs).

Citons également Accept avec Eat The Heat (sans Udo qui, non, ne sera jamais une icône du Hair Metal) ;

Vinnie Vincent

Ozzy avec Bark at the Moon et Ultimate Sin et, ce qui reste l’un des grands mystères du hard rock, Celtic Frost qui s’est entiché du hair metal en sortant Cold Lake et dont on ne se lassera jamais des photos promotionnelles (eh oui, en Suisse, il n’y pas de boutiquaire assez bien achalandé pour se looker Hair Metal et puis, le jean neige ça reste un concept d’Outre-Rhin !). Def Leppard ; Whitesnake ne sont jamais sorti de ce style et leurs dernières productions leur donnent entièrement raison !

Sachez encore :

Que le style a touché de nombreux pays : République Fédérale Allemande (Bonfire ; Pink Cream 69... Quel nom !) ; UK (Tigertailz) ; Japon (Loudness) et même la France avec Fisc qui se risqua à enregistrer aux US et à se produire à Los Angeles devant un parterre d’une vingtaine d’expat’ français, d’après ce qu’on ma raconté ;

Que Stryper est un groupe de hair metal et de white metal (metal chrétien) ;

Que Pantera fut un groupe de hair Metal et que Guns ’n Roses est un groupe de hair metal.

Que Kevin Dubrow, chanteur de Quiet Riot poussa le principe du hair metal jusqu’à se faire poser des implants capillaires ;

Qu’aujourd’hui, à part Twisted Sister, tous les musiciens de hair metal se sont fait défriser les cheveux et s’habillent de manière moins voyante (même Pretty Boy Floyd) ;

Que le succès du hair metal a tellement énervé Metallica, Slayer ou Exodus que ces derniers ont répondu par Reign in Blood, Kill ‘em all et Bonded by Blood (et, rien que pour ça, bénissons le hair metal) ;

Que les épouvantables Ugly Kid Joe se sont appelée comme ça pour tourner en ridicule Pretty Boy Floyd ;

Que Dog Eat Dog s’est nommé ainsi et a intitulé son premier album Warrant pour tourner en ridicule Warrant qui avait tourné le dos au hair metal et tenté de durcir le ton avec son album Dog eat Dog ;

Que c’est le grunge qui a enterré le hair metal ;

Qu’on qualifie les groupes de hair metal de poseurs mais citez moi honnêtement un musicien de Hard Rock qui n’est pas poseur (mis à part le bassiste de Saint Vitus) ? ;

Que franchement, si l’on excepte Silent Rage (en photo au début de la chronique) le plus gratiné c’est quand même Vinnie Vincent non ?

Voici ma sélection des incontournables connus et moins connus de ce style que, pour résumer, je qualifie de Hard Rock US des années quatre-vingt :

RATT : Out of the Cellar ; Invasion of your Privacy et Dancing Undercover. La voix et les refrains pop peuvent aujourd’hui gêner mais il n’y pas un morceau à jeter sur ces trois albums. La totalité des chansons est une réussite, les enchaînements parfaits (la face 2 d’ Invasion of your Privacy est un modèle du genre). Les deux solistes ne s’arrêtent pas une seconde et font preuve d’une inspiration égale aux paires Dave Murray / Adrian Smith (Iron Maiden) voire Brian Robertson/Scott Gorham (Thin Lizzy) !

Je recommande donc ces trois albums sans préférence.

Mötley Crüe, Shout at the Devil et Too Fast for Love : c’est plus connu mais tout aussi bon (sans doute un peu moins riche que Ratt).

Hanoi Rocks, Two Steps from the Move

 : un fabuleux album de sleaze rock avec un esprit proche du punk qui commence le pied au plancher avec une reprise d’ « Up around the bend » de John Forgety et dont le morceau « I cant’ get it » est sans doute le sommet.

Junkyard, dans une veine proche d’Hanoi Rocks et des Sex Pistols sur leur premier album. Il s’agit là de deux albums 100% rock n’ roll qui contiennent des pépites de courte durée (« Blooze » ; « Hollywood : Let’s Rock, In Hollywwod !! »). Et puis la pochette de leur premier album me semble bien représenter l’idée de la virée à Los Angeles à cette époque bénie.

Bang Tango, Psycho Café : Un disque étonnant par sa variété et finalement assez inclassable ce qui est bon signe (il y a du slap ; des morceaux à la The Cult période Love ; des gros refrains ; des trucs bourrins, des bidules plus fins) qui a connu un petit succès avec le titre « Someone like you ». Le reste de l’album est d’excellente facture et figure parmi les morceaux qui, une fois écoutés, ne ressortent pas de votre tête (« Love injection » ; « Wrap my Wings » par exemple).

Avec Eat ‘em and Smile David Lee Roth

frappe un coup énorme en recrutant une formation au top niveau et effectivement ne fait qu’une bouchée de Van Halen. Eat ‘em and smile est tout simplement l’un des meilleurs albums de Hard Rock.

Skyscraper contient des morceaux plus classiques qui n’ont pas pris une ride et que l’on peut écouter toute la journée en s’imaginant sur les routes de Big Sur. Une merveille !

A little ain’t enough (sans Steve Vaï ni Billy Sheehan) est sans doute moins connu mais ne serait-ce que pour « Shoot it » mérite son acquisition.

Il semble que Twisted soit catalogué hair Metal , soit. Ses deux premiers albums (officiels) sont deux incontournables du Hard Rock. Jetez une oreille sur "The Kids are Back" (et un œil sur les paroles également cela vaut le coup !) qui ouvre « You can’t stop Rock n Roll » pour apprécier l’hymne Heavy Metal. Le reste est sans concession parfois à 100 km/heure (« I’ll take you alive » ; « Under the Blade »), parfois presque doomesque (« Destroyer ») !

Cet album de Badlands avec Jake E Lee, guitariste qui quitta Ozzy parce qu’il se lassait du hair Metal (!), peut être perçu comme un hommage à Led Zep à en croire les mauvaises langues (en fait les mauvaises langues parlent de plagiat). Il s’agit pourtant d’un hard rock d’une incroyable honnêteté et classe, qui contient son lot d’hymnes (« Dreams in the Dark ») voire d’oukases (« The streets cry freedom ! »). Au temps du vinyl, on appréciait la deuxième face matinée blues avec son sommet (« Rumblin Train » avec son solo de guitare diluvien).

Un des grands oubliés de cette période dont je recommande la découverte.

Tesla, Mechanical Resonance : la voix éraillée ; les guitares débridées ; les refrains un peu niais, oui, cet album est fabuleux !

Love/Hate, un peu oubliée,

cette formation a sorti deux albums fabuleux d’une variété incroyable que je recommande chaudement (comme d’ailleurs, tous les disques cités dans cette chronique). Blackout In The Red Room est sans doute le plus connu mais j’ai une nette préférence pour Wasted in America dans lequel les compositeurs se sont surpassés. Chaque titre reste gravé dans la tête et chaque nouvelle écoute permet de faire découvrir des arrangements assez subtils. Les paroles valent également le détour (en particulier « Cream »).

Des canadiens ! Dans le genre, Helix, groupe de seconde zone qui après trois albums moyens, nous met sur le cul sans prévenir avec un album inspiré : Wild in the Streets qui contient dix hymnes très influencés par AC/DC et Def Leppard qui sont d’une fraicheur absolue (« High Voltage Kicks » ; « Give ‘em hell »).

Des danois ! Pretty Maids a tutoyé les sommets avec cet album (Futur World) qui passe du speed metal à des morceaux bien plus FM, le tout dans une belle unité. A noter que cet album est le premier de cette chronique sur lequel apparaissent des claviers.

D.A.D :

Des danois encore et quel disque !!! Cela commence avec un tube (« Sleeping my day away » avec sa guitare à la Shadows dont le premier couplet a été chanté par les foules en délire au Trabendo ou à l’Arapaho !), cela enchaîne par un tube (« No Fuel left ») puis un autre (« Girls Nation ») et un autre (« Samiese Twins ») etc. pour un résultat excellent.

Impossible de passer Poison sous silence dans une chronique sur le hair Metal, ne serait ce que pour la pochette de Look What The Cat Dragged In et son tube « Talk Dirty to me ». Le résultat est très daté (la production étant rudimentaire) et me conduit à préférer Open up and say aah (ce titre !!).

Pride de White Lion est à la limite du FM mais, un peu comme 1987 de Whitesnake, possède un je ne sais quoi de fraicheur qui en fait également un incontournable du genre. Le jeu du guitariste Vito Bratta est exceptionnel et fait beaucoup dans la réussite de la chose.

Dans un genre plus blues-AC/DC, les deux premiers albums de Cinderella sont également des incontournables du fait de la qualité des compositions. A cet égard, RATT, Cinderella et Twisted étaient souvent mis à part par certains collègues musiciens qui reconnaissait que tout n’était pas à jeter dans le hair metal.

Night Songs : sa pochette (que j’avais en poster dans ma chambre pour le plus grand plaisir de mon frère et de ma mère), ses hymnes ses hymnes ses hymnes !!!! Il s’agit de rock débridé sacrément influencé par AC/DC avec refrains et mélodies sangsues (ie : qui restent collés dans la tête) : « Shake me » ; « Push Push » ; « Nothing for Nothing » à la limite du bourrin.... et le sommet « Somebody Save Me » (avec lequel l’intro duquel Devin Townsend/Strapping Yong Lad commença un de ses concerts à Paris).

Les musiciens se sont un peu calmés et ont canalisé leur inspiration avec Long Cold Winter qui a l’instar de Badlands est une merveille de hard rock buesy qui contient de fabuleux morceaux (« Falling Apart at the seams » avec son intro cajun ; « Gypsy Road » et son refrain entêtant....)

Toujours dans une veine bluesy, ces trois albums de Great White représentent bien cette période musicale : un peu commercial, tout en restant toujours honnête. Mon préféré est Twice shy surtout pour sa seconde face qui nous emmène loin loin (Big Sur toujours....) avec le groovy « Mysta Bones » et les fabuleux « Baby’s on fire » / « House of broken love » et leurs longues introductions à la guitare. Je recommande également l’écoute de « Congo Square » sur « Hooked », hommage à la musique noire américaine qui avec son orgue Hammond et son solo à la wah-wah, est l’un des plus beaux titres de cette formation si rare en France.

J’aurai pu également citer Roxx Gang ; TNT ; WASP ; La Guns ; Faster Pussycat ; Warrant ; Skid Row ; Dokken ; Winger ; House of Lords ; Beau Nasty ; Shotgun Messiah et Y&T (qui sera au Hellfest !) mais je préfère terminer avec ces deux disques passés inaperçus qui sont pourtant majeurs :

Dangerous Toys : Un disque de hard rock furieux dont chaque morceau contient plusieurs refrains totalement imparables ; ça joue le pied au plancher sans aucun concession ; tout le monde se fait plaisir. Les paroles sont drôles (« Tease n’ Pleas’n » ; « Ten Boot »s), les rythmes variés, l’exécution parfaite et sans fioritures. Le batteur qui arbore un T Shirt de Death (le groupe de death-metal), mène le beat sans relâche.

Bref : Allez-y de ma part !

Cats in Boots, Kicked and Clawed : Pourquoi ce disque est-il passé inaperçu alors qu’un groupe comme Skid Row cartonnait, je ne peux l’expliquer.....
Cats in Boots est une formation américano-nippone , qui n’a sorti que cet album au son dont l’aspect monstrueux n’a à ma connaissance jamais été égalé. Cela commence avec « Shotgun Sally » à la slide guitare avec un son de batterie comparable à celui de Joey Kramer d’Aerosmith sur « Pump » (vous voyez de quoi je parle ?) pour une cavalcade de 3min26 puis « Nine Lives » encore plus speed (ce que ce morceau peut être énervé !!) qui ratiboise tout sur son passage. Ca se calme un peu ensuite mais reste dans la même ambiance qui illustre ce qu’est le Sleaze Rock. Le sommet de l’album est « Every Sunrise », morceau qui comme ce groupe n’a honteusement connu aucun succès en dépit de son incroyable émotion qui donne des frissons à chaque écoute.

Cet album est récemment ressorti en CD avec un livret plein de photos qui nous confirment ce qu’on soupçonnait sur le vinyl : le batteur ressemble bien à Jean-Paul Rouve dans Podium.

Voila, j’espère que ceci permettra d’alimenter votre curiosité sur ce style injustement décrié du fait du look des musiciens alors que l’essentiel est la musique non ?
D’ailleurs, moi le look des musiciens, je l’ai toujours adoré.

Je termine avec une citation de Dave Lombardo (Slayer) à propos de RATT : « Ce mecs se mettent des bas de femme sur les bras, cela veut dire que leur tête est un cul ! »

Bertrand P

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