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Folle Vie

"120 Battements par Minute" de Robin Campillo

dimanche 17 septembre 2017, par Sébastien Bourdon

"120 Battements par Minute" de Robin Campillo

Le film s’ouvre sur une action de groupe brutale et pas forcément maîtrisée comme en pratiquait parfois ce collectif énervé.

L’assaut frontal est filmé en parallèle de la passionnante assemblée générale ayant suivi l’événement. Cet exposé frontal et didactique nous ramène quelques années en arrière et aux interrogations que posaient nécessairement Act Up et ses méthodes.

On retrouve ces militants tels qu’on les avait quittés, exaspérés et exaspérants, mais animés d’une juste colère. Un drôle de monde sans hétérosexuels (ou si peu, dans le film en tout cas) où l’on se bat pour que cessent des morts absurdes et épouvantables. Et où on ne cesse jamais de désirer.

Le protagoniste Sean (Nahuel Perez Biscayart) incarne parfaitement l’activiste de l’époque, joli garçon enragé avec la camarde collée aux basques pour lui rappeler l’urgence de vivre.

On pourrait d’abord le trouver horripilant, avec son jusqu’au-boutisme et son refus du compromis, mais il est impossible de résister à son charme, et ce type hors norme porte le film jusqu’à la fin, la sienne comme celle de l’œuvre.

Et puis, avec douceur et élégance, Sean rappelle la totale responsabilité - de celui qui donne comme de celui qui prend - le plaisir et la mort. La guerre menée contre l’Etat, les assureurs ou les laboratoires est essentielle et s’accompagne pour lui du contrôle que l’on doit avoir de sa propre existence, jusqu’au dernier souffle. Sean va ainsi choisir d’être un mort politique, dont les cendres seront jetées à la face du cynisme capitaliste.

S’agissant de l’aspect formel du film, il semble toutefois difficile de totalement partager l’enthousiasme délirant qu’il a suscité après Cannes. En effet, lorsqu’il tente de faire œuvre de cinéma et un peu moins produit de docu-fiction, la subtilité n’est pas forcément de mise, avec ralentis et effets sursignifiants sur l’amour qui naît ou la mort qui vient.

La durée est également un peu excessive, et on en voudrait plus et encore sur l’analyse historique et sociétale quand nous est plutôt longuement infligé une douloureuse et pénible agonie.

Difficile donc de qualifier cet émouvant objet de chef d’oeuvre du septième art tant il ressemble plus à un honnête téléfilm. Mais ce qui le sauve et en fait l’évidente intrinsèque valeur est sa nature d’œuvre de mémoire.

Sébastien

Messages

  • Je suis d’accord. Plus un docu fiction qu’un film de ciné. Trop de scènes dans l’amphithéâtre ou en boite sans intérêt . Néanmoins il a le mérite d’évoquer une période qui l’est trop peu et de rappeler que le militantisme actif est porteur, contrairement à l’unique critique du système.
    merci pour cette chronique, te lire est toujours un enchantement.

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