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Du musst Caligari werden

« Le cabinet du Docteur Caligari » de Robert Wiene (1919) - Ciné-concert avec Zone Libre feat. Serge Teyssot-Gay

lundi 31 mai 2010, par Sébastien Bourdon

Une fois encore le trio Zone Libre officiait au sein de l’espace audonien du 1789 pour illustrer musicalement un chef d’œuvre du muet. Le film en est ressorti comme une véritable partition cinématographique.

Avant de parler musique, un mot sur l’image quand même : chef d’œuvre de l’expressionisme allemand, le spectateur du 21ème siècle ne pourra qu’être impressionné par ces décors étranges aux dimensions irréelles et à l’agencement surprenant, de même qu’aux brusques variations de couleurs (le noir et blanc est en effet légèrement teinté, de bleu ou de jaune notamment). Tout est là pour incarner le rêve éveillé d’un fou.

Le héros est convaincu de l’existence d’un être - le Docteur Caligari - qui commanderait aux somnambules, jusqu’à en faire des assassins sans pitié. Quatorze ans après ce film, Hitler accédait au pouvoir et entraînait son peuple fanatisé (ou mis au pas) dans une sanglante épopée. Difficile de ne pas voir quelque anticipation dans le scenario du film.

Le film a évidemment un peu vieilli, dans son rythme essentiellement, mais l’inventivité et les audaces visuelles restent très frappantes, parfaitement illustrées par la musique de Zone Libre. Etonnamment, cette musique contemporaine semblait restituer aux images leur violence et leur capacité d’effroi.

Le groupe s’est révélé extrêmement concis, accompagnant efficacement la narration, au plus près des images. On sent que le concept s’affine, se disperse moins et j’espère que de telles séances se répéteront.

Sinon, dans une salle de très longue attente, l’autre jour, j’ai dévoré une médiocre biographie d’un grand guitariste irlandais, feu Rory Gallagher (Rock n’ road blues de Jean-Noël Coghe). Ecrit par un fan par trop béat, le livre présente peu d’intérêt littéraire, mais il m’a redonné envie de me plonger dans sa discographie. Je me souviens de la ligne 10 de mes 20 ans avec en fond sonore dans mon walkman une K 7 contenant « Calling Card » de Rory Gallagher (1976) et « Night in the Ruts » d’Aerosmith (1979). J’ai usé la bande jusqu’à la corde et finalement Nicolas B. m’a offert ledit album de Gallagher au mois de février 1993 (sur la pochette, le généreux donateur s’était à cette occasion livré à quelques vers, en lecture libre chez moi...).

Pour se donner une idée, on trouve plein de vidéos de ce garçon sur YouTube. Devant une telle énergie, une telle implication, on comprend qu’il ait disparu si vite, à 48 ans, usé par le rock n’ roll, l’alcool et les pilules. Une vie pleine, mais raccourcie. Rory Gallagher avait l’âme généreuse et ce n’est pas avec lui que disparaîtra mon goût mélancolique pour les chanteurs morts (n’est-ce pas Ronnie James Dio).

Une dernière brève cinématographique : par un dimanche gris et pluvieux, avec les enfants, je suis allé voir La Croisière du Navigator de Donald Crisp, avec Buster Keaton (1924). La salle comptait, nous inclus, six spectateurs. Mais les rires presque continus de mes fils pendant la projection ont comblé autant l’espace que mon cœur et mon âme. Un moment délicieux.

Sébastien

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