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Projet Ouzbek, Saint-Ouen espace 1789, le 23 janvier 2010

dimanche 24 janvier 2010, par Sébastien Bourdon

Comment dit-on bonne année en ouzbek ?

Rodolphe Burger, guitariste chic français - et alsacien, c’est important - se lance, après Kat Onoma, Higelin ou Jeanne Balibar, dans la musique d’Asie Centrale avec des musiciens ouzbeks. L’idée est nécessairement bonne, que savons-nous de l’Ouzbékistan, hein, je vous le demande ?!

La formation est constituée de Burger (vous prononcez comme le Cheese ou comme Rodolphe, je ne sais pas), de son comparse Yves Dormoy (programmation, clarinette, saxophone) et de trois Ouzbeks fraîchement débarqués de Tachkent, et ce sans même avoir été arrêtés à la frontière par le Ministère de l’identité nationale ce qui, avec leur physique de reportage sur M 6, n’était pas si évident. Bravo les gars. Les trois gus jouent d’instruments dont j’ignore l’identité, mais acoustiques, genre violon, guitare et luth.

L’idée est donc bonne, la soirée fut plaisante mais l’ensemble s’est quand même révélé un peu limité. Tout le monde sur scène a du talent, mais peu de charisme, à part peut-être Burger, avec sa très belle voix grave et son joli son de guitare (to Neil Young with love). Son jeu de fesses aussi, bien qu’assis en permanence, il s’agitait sur son postérieur comme si son futal de cuir le grattait.

Cela n’en demeure pas moins un peu court. Je n’ai que rarement eu l’impression d’une réelle intensité, d’une belle densité musicale. Je ne fus pas le seul à le penser, mais cet ensemble manquait cruellement - pour justement mériter cette appellation d’ensemble - d’une section rythmique digne de ce nom : pas de basse, pas de batterie.

L’électro ça fait chic, ça fait branché, les sons étaient d’ailleurs plutôt bons (on a même entendu Jean-Luc Godard nous dire de ne rien changer pour que tout change ou quelque chose d’approchant), mais le problème est que c’est raide et figé. Pour la musique partiellement improvisée, ça ne marche souvent pas, ou mal. Le regard parfois un peu perdu des ouzbeks ne sachant que faire de leurs instruments en attestait. Yves Dormoy, dont le sax était en plus mixé très en avant, agitait ainsi son doigt sur sa souris, mais nos chats asiatiques ne savaient pas toujours comment l’attraper. Et on les comprend, même sans être musicien. La rupture se fait sèchement, les changements d’accords aussi, et sans le regard, sans la souplesse et l’adaptabilité du musicien, la musique s’appauvrit ne sachant pas où aller.

Mais, soyons honnêtes, ce fut quand même une belle soirée.

Sébastien Bourdon

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