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Carnival Bizarre

CATHEDRAL – Le Divan du Monde, le 20 novembre 2010

lundi 22 novembre 2010, par Sébastien Bourdon

La première fois que j’ai rencontré Lee Dorrian, le chanteur de Cathedral, c’était le 23 novembre 1995, à l’Arapaho, cette petite salle qui se situait derrière la place d’Italie. A l’issue de la première partie, Crowbar en l’occurrence, il était assis sur une table, attendant son tour, nous nous étions donc approchés pour deviser avec lui en fans transis que nous pouvons être. Le garçon, évidemment charmant, nous avait dédicacé nos places d’un « Doom forever » de circonstance. Forever, je ne sais pas, toujours est-il que quinze années plus tard, nous y étions à nouveau.

Cette fois, c’est l’écrin du Divan du Monde qui accueillait les précurseurs du doom anglais. Je ne connaissais pas les lieux, ils ne manquent pas de charme avec une déco très début XXème siècle, mais la petite salle étant pleine comme un œuf, on manquait quand même un peu d’espace pour circuler.

Cathedral, pour les néophytes, est un groupe anglais qui est à juste titre considéré comme précurseur et majeur dans sa branche, le doom. Leur 1er album, Forest of Equilibrium (1991) en constitue même la pierre angulaire (n’est-ce pas Bertrand). C’est lent, c’est lourd et très sombre et c’est justement ce qui en fait le sel (disque toutefois susceptible d’un peu casser l’ambiance pour un baptême ou une bar-mitsva). Toutefois, l’on ne saurait réduire ce groupe à ce seul créneau musical. Cathedral n’hésite pas croiser ses guitares avec du mellotron, des claviers, des cuivres et bois divers et à tirer de ces audacieux mélanges des titres particulièrement sautillants comme « Midnight Mountain » ou « Hopkins (Witchfinder General) ». Ces deux derniers titres ont d’ailleurs été joués en ce merveilleux samedi soir, entraînant même quelques slam-divings pour le moins inhabituels dans un concert de doom.

Il est vrai que Cathedral, loin d’être constitué de ténébreux satanistes, est en fait un groupe de hippies anglais rigolards n’hésitant pas à faire de leurs concerts une véritable fête. Le maître de cérémonie Lee Dorrian a d’ailleurs le charisme et les compétences requises pour cela, n’hésitant pas à mimer jusqu’au grotesque les textes de ses chansons (avec un titre comme « Night of the Seagulls », cela donne une vraie performance de comédien).

Leur musique est en effet extrêmement imagée et référencée. Si les pochettes lorgnent clairement du côté du peintre Jérôme Bosch (1453 – 1516), les morceaux sont directement influencés par la série B (voire Z) fantastique ou d’horreur : on parle des films britanniques des studios Hammer des années 50 et 60, mais également des opus réalisés ensuite par les italiens Mario Bava ou Dario Argento. C’est donc fort d’un univers cohérent et structuré, avec un style musical façonné par les années passées sur la route que le groupe se présente à un public ravi.

Pour cette tournée, le groupe a enrichi sa formation scénique d’ordinaire très réduite (une seule guitare, basse, batterie, chant) d’un clavier dont les apports se trouveront toujours extrêmement judicieux, rendant à la musique de Cathedral ses influences progressives, particulièrement marquées dans leur dernier album, The Guessing Game (les premiers Genesis ont clairement influencé leur musique). Dans ce contexte, il m’a paru regrettable que n’ait toujours pas été remplacé leur batteur, par trop lourdingue pour les nouvelles sensibilités développées sur disque comme sur scène. En tout état de cause, le nouveau du répertoire (« The Casket Chasers ») comme l’ancien (« Ebony Tears ») a fort bien trouvé sa place dans cette configuration.

A l’issue du concert, alors que nous buvions – et oui encore – une bière, le bassiste Leo Smee est apparu dans la salle. Cette apparition a réveillé les fans béats et nous sommes donc allés le voir pour compléter notre album-photo de poses un peu crétines avec des vedettes. Leo Smee est un anglais tout ce qu’il y a de plus charmant, avec le physique d’un Hugh Grant qui viendrait tout juste de finir la route 66. Je l’ai prié de nous excuser de ne pas être les créatures de rêve qu’il aurait méritées pour son repos du guerrier, ce à quoi il m’a répondu que, comme d’habitude, on en croisait peu dans le métal. Dehors, en revanche, c’était une autre histoire. Le samedi soir à Pigalle, c’est le sabbath et toutes les sorcières infernales étaient de sortie.

« Lucifera Vampirella

She bares the mark of the devil

Queen of the witches

Her kingdom is your hell »

Sébastien

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