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Bowling for Red Lake High

mardi 22 mars 2005, par Paul Kirkness

Il y a encore eu une fusillade dans un lycée des Etats-Unis. Cette fois-ci, dix nouvelles personnes ont payées de leur vie un manque de remise en question de la société étasunienne. Quelques questions sur le pourquoi du comment.

Malheureusement, s’il fallait faire un rapport de tous les morts par balle aux Etats-Unis, nous devrions écrire plusieurs brèves par jour. Mais les « school shootings » restent heureusement un fait divers assez rare. Et quand ils ont lieus, on ne peut s’empêcher de se poser toutes les grandes questions : pourquoi un jeune va-t-il aller jusqu’à tirer sur des camarades de classe avant de se donner la mort ? Comment se fait-il que rien ne laisse présager ces catastrophes avant qu’elles n’aient lieue ? Et surtout... aux dépens de ceux qui en sont les victimes, nous, les européens, on se demande comment ce genre de nouvelles ne choque pas la société américaine toute entière. Pourquoi cela n’a-t-il aucune répercussion sur ce deuxième amendement stupide et dépassé - « the right to bear arms » ou le droit de posséder des armes à feu... des objets fait pour tuer.

Michael Moore a fait en sorte que nous n’oublions jamais le massacre du Columbine Highschool, dans le Colorado, avec son film Bowling for Columbine qui fut largement regardé aux Etats-Unis. En 1999, deux élèves y ont apporté des armes - des putains de semi-automatiques... - et y ont mis à mort douze de leurs camarades avant de se suicider.

Malheureusement, rien n’a changé. Je viens d’apprendre qu’une fusillade s’est produite dans le Minnesota, à Red Lake High. Dix personnes ont trouvé la mort lorsqu’une fois de plus, un jeune homme s’est présenté à son école armé jusqu’aux dents. Et le pire c’est que ces « grandes » questions ne sont toujours pas posées. Je lis dans la presse locale que le jeune homme été « bizarre », que les familles des victimes veulent une « vengeance ». Que la douleur des victimes soient grande, on peut aisément le concevoir. Que les journaux locaux aient décidé de les laisser parler est aussi compréhensible, mais il est étonnant de voir qu’on ne soulève pas les grandes questions - peut-être est-il encore trop tôt vous me direz ?.

Le pays ne semble pas disposé à reconsidérer le droit de posséder des armes. C’est, à mon avis - et c’est aussi celui de Moore dans son film-documentaire - le problème le plus fondamental. Mais il doit certainement en exister d’autres. Est-ce que la société américaine, avec son idéal absolu de « rêve américain » et de succès personnel, ne produirait pas des « ratés désespérés ». « Loser » est une insulte privilégiée par les jeunes américains (j’en ai été le témoin lors de mon bref séjour là bas il y a quelques années). Cela paraît anodin, mais il me semble que c’est important. Tous ces films débilitants qui nous viennent d’Amérique du Nord (je pense à American Pie entre autres) sont eux aussi les témoins de cette « jock culture » (le terme de « jock » n’existe pas en français, mais cela désigne un « gars » viril, musclé, beau, parfumé, qui a du succès avec les filles et qui s’en prend pour cela aux losers, aux « intellos »...). Un pays où les filles de 17 ans qui n’ont pas encore eues recours à la chirurgie esthétique sont en passe de devenir une minorité à de quoi inquiéter.

Les armes sont évidemment un problème immense. Mais, à mon humble avis, la société américaine produit plus d’exclusion qu’elle ne semble vouloir l’accepter. Et malheureusement, ces jeunes qui en viennent à vouloir propager la mort, la tristesse en seraient la preuve. Combien ont-ils souffert avant de passer à cet acte odieux ?

Ce ne sont que quelques pensées... Mais à chaque nouveau massacre, je me demande comment le premier instinct d’une société « civilisée » peut, de façon systématique, être celui de la vengeance et de la punition... sans - avec quelques exceptions évidemment - jamais remettre en question ses lois, son fonctionnement, son mode de solidarité...

Polo

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