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Always look on the bright side of life

IRON MAIDEN « Maiden England », Bercy le 5 juin 2013

dimanche 9 juin 2013, par Sébastien Bourdon

En quittant la salle des référés du Conseil de prud’hommes parisien en ce 5 juin 2013, je croise un type en train de remplir une saisine de ladite juridiction, affublé d’un tee-shirt « Maiden Turkey ». Je constate qu’il parle effectivement la langue du pays d’Atatürk avec son enfant, mon sang ne alors fait qu’un tour et immédiatement l’aborde pour l’interroger sur son éventuelle présence à Bercy pour la venue de nos glorieux anglais. Il entend effectivement en être et nous voilà partis dans une conversation sur le Hellfest, les concerts avec les enfants et les manifestations à Istanbul. Nous sommes une grande et belle famille et Iron Maiden est notre religion.

Pour ne rien te cacher fidèle lecteur (si tu existes), il m’arrive même de rêver d’Iron Maiden certaines nuits (de pleine lune probablement). Ainsi, l’autre jour, m’était donnée en songe la possibilité incroyable de les rencontrer pour les interviewer. Les mots me viennent facilement, je leur parle ainsi de leur indiscutable professionnalisme qui se conjugue avec une aisance souriante sur scène, hommes libres qu’ils sont de par leur succès et leur créativité intacte. A ces mots, Adrian Smith (guitare) se lève et me remercie de mes propos comme étant une exacte expression de leur situation à ce stade de leur carrière. Puis je me suis réveillé, provisoirement très content de moi, pour réaliser que mon projet de la journée consistait plutôt en une tentative difficile de convaincre les magistrats rugueux d’un quelconque Conseil de prud’hommes de la grande couronne.

Que dire que je n’aurais pas déjà écrit sur un concert de la Vierge de Fer ? Sauf erreur, c’est au moins ma quatrième chronique sur le sujet et je ne peux pourtant être qu’intarissable, malgré la répétition. On pourrait tenter de le décrire en se plaçant à hauteur d’enfant, d’ailleurs nombreux dans la salle, ou vu par des béotiens (j’en connais), sortis, comme tout le monde, extatiques, du concert. C’est la grand messe heavy metal par excellence, et cela reste un spectacle insurpassable. En emmenant femme et enfants, je fais presque œuvre de transmission de ce qui me semble être une forme parfaitement aboutie de bonheur.

Le groupe est entré depuis plusieurs années dans un rythme d’alternance de tournées promotionnelles de nouveaux albums, suivies ensuite de concerts à la gloire de leurs précédents efforts. Cela leur permet ainsi de démontrer leur capacité non éteinte de composition et l’éternelle fraîcheur de leurs morceaux passés. Dans tous les cas de figure, le fan que je suis est content. Après la tournée promotionnelle du merveilleux album « The Final Frontier » (2010) achevée en 2011, celle-ci se concentre cette fois sur l’album « Seventh Son of a Seventh Son » sorti en 1988. Ce disque, qui voyait le groupe délaisser un peu sa rugosité métal/hard-rock pour un rock progressif de bon aloi, clôt sans doute la période créative la plus faste de Maiden (Adrian Smith quittera d’ailleurs le groupe juste après pour ne revenir qu’en 2000). L’idée d’entendre quelques unes de ses pépites ne pouvait donc que réjouir l’amateur lors de cette célébration de la tournée « Maiden England » de 1988.

C’est ainsi que le concert a débuté par un somptueux « Moonchild », immédiatement suivi par le sautillant « Can I Play with Madness », et qu’il nous fut notamment donné d’entendre plus tard la longue pièce éponyme extraite dudit album. Le plaisir à jouer ces titres rarement parfois rarement interprétés sera évidemment communicatif, le public ne cessant de s’enthousiasmer à chaque note jouée.

Se refusant à la répétition comme à la morosité, le groupe s’est également promené dans sa longue carrière au cours de cette set-list de rêve, dans le plus ancien (« The Prisoner », « Phantom of the Opera »…), le moderne ou le presque contemporain. Ma joie fut ainsi sans pareille à l’écoute du bouleversant « Afraid to Shoot Strangers » et le délire du public – continu tout au long de la soirée – atteignit une forme de paroxysme avec l’inévitable « Fear of the Dark ».

Il serait long, et pas forcément palpitant, de décrire les mille effets scéniques qui ont jalonné le concert, lui donnant sa pleine dimension de spectacle, accompagnant une musique pourtant déjà riche d’images et d’évocations historiques ou fantasmatiques. En fait, un disque d’Iron Maiden supplée largement les contes que l’on pourrait raconter aux enfants, ils se reconnaissent d’ailleurs volontiers dans cet univers d’adultes rêveurs, n’oubliant pourtant jamais la gravité qui empreint parfois l’existence.

C’est dans cette atmosphère incroyable que l’on ne voit pas filer deux heures de joie continue, quand tout à coup, c’est terminé. La lumière se rallume et les enceintes retentissent alors du morceau des Monty Pythons qui donne son titre à cette chronique, et tout le monde fredonne et sifflote cet air si joyeux. Je regarde autour de moi tous ces visages souriants, un petit garçon épuisé dans les bras, et je quitte finalement la salle de concert, plein d’un sentiment apaisé et d’une reconnaissance sans failles pour ce groupe et ses fans.

Sébastien

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