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All the way from Palm Springs, California

John Garcia, le Glazart, le 2 décembre 2014

mercredi 3 décembre 2014, par Sébastien Bourdon

La salle est pleine et, nonobstant deux défections de dernière minute, voilà pour notre part longtemps que nous ne fûmes si nombreux à nous rendre à un spectacle de rock n’ roll (et ce, le jour même de la mort de Bobby Keys). Bien qu’il règne un froid humide et glacial, nous profitons tout de même des agréables aménagements extérieurs du Glazart pour se retrouver, deviser et se sustenter, tout à la joie de se voir pour une si belle occasion, avant de communier ensemble dans l’étuve de la salle (été comme hiver).

Du coup, on manque un sérieux bout de la première partie, Komatsu, avec un peu de regret d’ailleurs, le seul titre finalement entendu laissant augurer du meilleur, dans le genre atmosphérique, mais précis. On ne manquera toutefois pas de signaler notre enthousiasme aux membres du groupe qui, sitôt descendus de la scène se sont attelés à la vente de leurs disques et tee-shirts (comme le disait un sage, « it’s a long way to the top if you wanna rock n’ roll »).

Le groupe suivant s’appelle Steak, et on va donc pouvoir vérifier si, justement, ils l’envoient (le steak). Cette formation londonienne s’avère un peu moins aérienne que le précédent groupe, et si leur musique est efficace, le moins que l’on puisse dire est qu’elle ne révolutionne pas franchement le genre (le désormais baptisé « desert rock » donc, car on ne dit plus « stoner », ça fait hipster).

Du coup, l’arrivée de John Garcia et de ses sbires crée un immense décalage parfaitement enthousiasmant. On change clairement de niveau, à tous égards, de la composition à l’interprétation. Fort de son premier album solo, John Garcia, qui a connu tant de péripéties malheureuses au sein de divers combos, à commencer par l’essentiel Kyuss en passant par les mésestimés Unida ou les plus anecdotiques Hermano, semble tout à la joie de maîtriser enfin seul son navire sonore. Il est ainsi apparu plus souriant qu’à son habitude, mais pas moins magnétique, visiblement enchanté de la réaction d’un public parisien enthousiaste.

Et puis, il y a cette voix, cette sacrée voix... Vous me direz pour un chanteur, c’est mieux que d’avoir du coffre et de la personnalité, mais là, cette rage, comme l’expression d’une saine colère galvanisante. John Garcia crie, il a la gorge comme râpée par le sable à force de prêcher dans le désert. Son propos s’adresse directement à notre échine qui du coup, frissonne quand juste au-dessus, notre tête s’agite, portée par les rythmes lancinants de la musique.

Les années qui défilent n’ont pas de prise sur sa voix, il ne semble jamais à la peine. Agrippé à son pied de micro, comme toujours sur le point d’attaquer un sprint, John Garcia n’est toutefois pas le genre à en faire des caisses sur scène, laissant même une grande liberté à ses musiciens, extrêmement compétents et ravis de pouvoir ainsi laisser libre cours à leur inspiration. Un esprit de camaraderie semble régner sur la troupe, comme un télescopage de joies diverses explosant dans le projet commun.

Face à cela, c’est bien légitimement que le public alterne frénésie et extase. Ainsi, lorsque fut joué, « El Rodeo » (Kyuss), mon Dieu, je pense pouvoir affirmer que plus personne n’a touché Terre.

Alors que l’on a craint un moment un concert trop court, le rappel exceptionnel et de longue durée a parfaitement clos une soirée idéale. Il n’y aura sans doute pas de reformation de Kyuss, Josh Homme, guitariste originel, n’étant pas intéressé, trop occupé à remplir les stades avec les Queens Of The Stone Age. Mais, quelle importance vraiment, car, de ce fait, on reste entre nous, à écouter les pépites du passé comme les joyaux d’un présent qui laisse augurer du meilleur futur.

Sébastien

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